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s. m. Quernal, aquarniau, carnel, créniau.
Aujourd’hui on ne désigne par le mot créneau que les vides pratiqués
dans un parapet pour permettre aux défenseurs des murailles de voir les
assaillants et de leur lancer des projectiles. Mais au moyen âge, on
entendait par créneau toute ouverture pratiquée au sommet d’une tour ou
d’une courtine, couverte ou découverte, et qui servait à la défense.
Nous reprenons la dénomination employée pendant le moyen âge, et nous
parlerons des créneaux couverts ou découverts, libres ou fermés par des
volets. Disons d’abord que les intervalles pleins laissés entre les
créneaux sont les merlons, car il n’y a pas de créneaux sans merlons, comme il n’y a pas de fenêtres sans trumeaux.
Cependant il est certain qu’au moyen âge on donnait le nom de créneau indistinctement aux vides laissés entre les merlons ou aux merlons eux-mêmes.
«Si se vont esbatre en la tor
As fenestres vont tot entor (fenêtre ici pour créneau)
Et le chevalier tient l’espié
A un carnel s’est apuié1.»
Carnel est évidemment ici le merlon, car on ne s’appuie pas
contre un vide. Quoi qu’il en soit, et comme nous prenons autant que
possible les dénominations adoptées généralement, il est entendu que,
pour nous, le créneau est le vide et le merlon désigne le plein.
Les dimensions des crénelages étant données par la taille de
l’homme, ces dimensions varient peu: les merlons ont toujours à peu
près deux mètres de hauteur, pour pouvoir garantir complètement les
défenseurs; les appuis des créneaux sont à un mètre du sol du chemin de
ronde, et leur largeur varie d’un mètre, à soixante-dix centimètres.
Quant aux largeurs des merlons, elles sont très-variables; nous allons
voir pourquoi.
Les créneaux qui couronnent les fortifications gallo-romaines sont
percés habituellement dans des parapets d’une épaisseur assez forte,
0,50 c. environ, construits en moellons taillés et en brique, couronnés
par une dalle de recouvrement formant une saillie tout autour du
merlon, ainsi que l’indique la fig. 1. Les merlons n’ont alors que la
largeur suffisante pour cacher un seul homme. Ces dispositions étaient
données par le système de défense de cette époque. Il ne paraît pas que
les Romains aient employé l’arbalète à main; ils avaient des archers,
des frondeurs, et chaque défenseur, muni d’une de ces deux armes, avait
son merlon pour se mettre à couvert pendant qu’il s’apprêtait à tirer.
Il était donc naturel alors de multiplier, autant que faire se pouvait,
les merlons et les créneaux. Les murailles antiques de la ville de
Pompéii, bâties sous la République, et qui sont plus grecques que
romaines, présentent des crénelages dont chaque merlon est muni d’une
traverse en pierre pour garantir le tireur contre les traits projetés
obliquement. Chaque archer possédait ainsi sa cellule percée d’un
créneau (1 bis). Ce système de crénelages ne paraît pas avoir été suivi
sous les Romains de l’Empire; ceux-ci se contentent du crénelage que
nous avons tracé fig. 1. Jusque vers la fin du XIe siècle,
il ne semble pas qu’on ait apporté des modifications sensibles à ces
crénelages romains. À cette époque, les expéditions en Orient firent
connaître des moyens de défense et d’attaque relativement
très-perfectionnés. Les Byzantins et par suite les Arabes possédaient
des machines de guerre qui faisaient l’admiration des Occidentaux en
même temps qu’elles jetaient la terreur dans leurs rangs; les murs de
leurs places fortes étaient bien munis, bien défendus. Aussi est-ce
après les premières croisades que
l’on voit, en Occident, le système de la défense supérieure des tours
et murs se modifier totalement. Non-seulement le système de crénelage
est changé, mais il se combine avec le système des mâchicoulis mobiles
en bois connus sous le nom de hourds (voy. Hourd).
Les merlons s’allongent, les créneaux deviennent plus espacés et, entre
eux, au milieu des merlons, de petites ouvertures (archières) sont
pratiquées pour le tir de l’arbalète à main; on évite avec grand soin
ces tablettes saillantes qui couronnaient les merlons antiques, car ces
saillies facilitaient l’escalade ou donnaient prise aux grappins que
les assaillants jetaient au sommet des murailles pour renverser les
parapets. Les crénelages les plus anciens que
nous connaissions en France, construits après les premières croisades,
sont ceux qui couronnent les tours et courtines du château de Carcassonne (fin du XIe siècle ou commencement du XIIe).
Ils sont intacts; en voici le détail (2). Déjà, ici, des trous sont
percés dans les merlons pour le tir de l’arbalète: ce sont des fentes
étroites, s’ébrasant à l’intérieur en forme d’arcade. Ces merlons sont
épais, bâtis en pierre de taille aux angles et en moellon smillé. Des
trous de hourds sont percés au niveau du sol du chemin de ronde ou des
planchers, et un peu au-dessous de l’appui des créneaux; les trous
inférieurs, pour recevoir des liens destinés à soulager les solives en
bascule passent par les trous supérieurs (voy. Hourd).
Les hourds posés, leur sol se trouvait alors au niveau de l’appui des
créneaux; aussi les merlons sont assez hauts pour permettre à un homme
de passer debout par les créneaux, comme par autant de portes, afin de
se poster sur les hourds. En temps de paix, les crénelages des
courtines du château de Carcassonne
n’étaient pas couverts, tandis que ceux des tours l’étaient en tout
temps par des combles à demeure. Les sablières de ces combles passaient
sur les têtes des merlons et formaient linteaux (voy. Tour
). Les tours commandant toujours les courtines, mais étant mises en
communication avec leurs chemins de ronde par des portes bien ferrées
et des escaliers, on faisait ressauter les crénelages, afin de garantir
les gens qui se trouvaient sur ces degrés, ainsi que l’indique la fig.
3, tirée des défenses du même château de Carcassonne.
L’influence orientale est singulièrement prononcée dans un crénelage du XIIe siècle conservé encore sur une partie du transsept sud de la cathédrale de Béziers. On sait toute l’importance qu’avait acquise Béziers
à cette époque; elle était défendue par de puissantes murailles dont on
voit encore des débris gigantesques. La cathédrale, bâtie au
sommet de la cité, était pourvue d’une enceinte et était elle-même une
véritable citadelle. Le transsept du sud commandait tout le cloître,
dont les murs extérieurs étaient crénelés. Or, voici comment ce
transsept était crénelé lui-même: sur deux contre-forts saillants qui
appuient ses deux angles était élevé un parapet percé d’archères
flanquantes. Tel est (4) le plan de ce parapet crénelé. On voit que les
cinq archères sont tracées de manière à envoyer des projectiles
divergents. À l’intérieur, ces meurtrières sont évasées en arcades
comme celles du château de Carcassonne. Voici (5) l’aspect extérieur de ce parapet crénelé, avec la
belle corniche quasi-orientale sur laquelle il repose. Le sol intérieur
est au niveau A, et la tête saillante est une gargouille rejetant les
eaux du chemin de ronde. Du sol du chemin de ronde, au-dessus de la
corniche B, il n’y a qu’un mètre dix-huit centimètres de hauteur; mais
il faut savoir que ce crénelage domine tellement les alentours, que les
hommes placés derrière, quoique leur tête dépassât le dessus de la
corniche B, étaient parfaitement masqués pour des assaillants placés
beaucoup au-dessous. Les quatre archères C (voy. le plan) sont
très-plongeantes, tandis que celle D ne l’est pas; et, en effet, cette
archère ne pouvait servir qu’à viser en face et très-loin du pied du
monument. La distance qui sépare le sol du chemin de ronde de la grande
corniche inférieure est nécessaire pour que les tireurs dégagent la
saillie de cette corniche, ce qu’indique suffisamment la coupe (6)
faite sur l’axe d’une des archères C du plan. Entre les deux
contre-forts, il existait très-certainement un parapet avec créneaux
qui est malheureusement
détruit. Il ne faut pas oublier que, dans la cathédrale de Béziers,
ce crénelage est en même temps la corniche décorative d’un édifice
religieux, ce qui explique cette richesse de profils, cette tablette
moulurée supérieure, que l’on ne trouve pas dans les édifices
militaires de cette époque. Au XIIIe siècle, les créneaux
sont évidemment construits d’après une formule donnée par l’expérience.
Les merlons ont 2 mètres de haut sur 1m,70 au moins, et 3m,30
au plus de largeur sur 0,45 c. d’épaisseur; l’appui des créneaux est à
1 mètre du sol du chemin de ronde, et leur largeur est de 0,70 c. Au
milieu de chaque merlon est percée une archère. Le système de défense
est étudié avec un soin minutieux.
Soit (7): en A, la face extérieure du crénelage; en a sont les archères, qui n’ont pas plus de 0,07 c. à 0,08 c. d’ouverture; en b
sont les trous des hourds percés à distances égales, afin que les
madriers qui doivent poser sur les solives puissent être coupés
d’avance d’égale longueur; en B, le plan du crénelage avec ses
archères, lesquelles ont 0,40 c. à 0,45 c. d’ébrasement; en C, la coupe
sur un créneau; en D, la coupe sur une archère, et, en E, la face
intérieure sur le chemin de ronde. L’appui des archères est toujours
placé à une assise en contre-bas de l’appui des créneaux; et (voy. la
coupe sur l’archère) l’extrémité de son talus plongeant arrive à une
assise au-dessous des trous des hourds, afin que, les hourds étant
posés, les arbalétriers puissent tirer sur les assaillants en-dessous
des planchers de ces hourds. L’extrémité inférieure des archères est
taillée ainsi que l’indique le tracé G, afin de donner plus de champ au
tir sans démasquer l’arbalétrier. On voit que les détails sont combinés
avec le plus grand soin; les constructeurs observent rigoureusement les
mêmes méthodes, à très-peu de différences près, pendant le cours du XIIIe
siècle. Ce sont là des créneaux de courtines découverts en temps de
paix et couverts seulement en cas de guerre par les toits des hourds
(voy. Hourd).
Quant aux créneaux des tours couvertes, au XIIIe siècle,
aux créneaux sous comble, voici comment ils sont disposés (8). Les murs
ayant 0,90 c. d’épaisseur, les créneaux ont une allége A, afin de
permettre aux défenseurs de voir en dehors; ces créneaux sont munis, à
l’extérieur, de deux volets à crémaillères tombant en feuillures, comme
les parties supérieures des sabords des vaisseaux de guerre; le volet
inférieur roule au moyen d’un pivot horizontal dans deux colliers de
fer non fermés B, de manière à ce qu’il soit facile de l’enlever en
temps de guerre lorsqu’on pose les hourds; car alors les défenseurs
passent par les créneaux comme par des portes pour se ranger sur les
hourds. Le volet supérieur est maintenu par deux gonds C scellés dans
la feuillure et se regardant; ces volets sont à demeure. Si deux volets
ont été placés en dehors de ces créneaux au lieu d’un seul, c’est afin
de rendre plus facile la dépose du volet inférieur, qu’un homme peut
enlever du dedans, ainsi que nous l’avons expérimenté; c’est afin
encore, en cas d’attaque, et les hourds n’étant pas posés, de garantir
les défenseurs contre les projectiles lancés du dehors de bas en haut,
ce qui ne les empêche pas, en laissant entrebâillé le volet supérieur,
d’avoir de l’air et du jour. Si même on laisse seulement le volet
inférieur entrebâillé, on peut tirer sur des gens placés en bas des
tours sans se démasquer. Ce système de volets est adopté pour les
créneaux qui se trouvent percés sur les parapets des courtines à côté
des portes donnant entrée du chemin de ronde dans les tours (9).
Cette précaution était nécessaire pour
garantir parfaitement les hommes qui attendaient, sur le chemin de
ronde, qu’on leur ouvrît la porte d’une tour, après s’être fait
reconnaître. C’est ainsi que sont construits, sans exception, tous les
crénelages des tours de la cité de Carcassonne, qui datent de la fin du XIIIe
siècle. Cependant, sur les courtines de cette même forteresse qui
avoisinent la porte Narbonnaise et qui sont antérieures aux défenses
bâties sous Philippe le Hardi, on voit des crénelages beaucoup plus
forts que ne le sont les crénelages du XIIIe siècle. Il est
vrai que cette partie de la cité était celle devant laquelle on pouvait
organiser une attaque en règle. Ces derniers créneaux donc sont plus
hauts, plus épais que les créneaux ordinaires des courtines, et leur
parement intérieur sur le chemin de ronde est monté en fruit, ainsi que
l’indique la fig. 10. Chaque créneau, en raison de la forte épaisseur
des merlons, possède une allége. Quoique découverts, ils étaient garnis
de volets inférieurs à rouleaux. L’inclinaison du parement intérieur
nous semble faite pour permettre aux défenseurs de mieux enfiler la
courtine, en laissant toutefois au crénelage une force de résistance
extraordinaire. Ces défenses sont cependant légères, si nous les
comparons à celles qui couronnent le donjon du château de Coucy (voy.
aux mots Donjon, Hourd.).
Au commencement du XIVe siècle, le système de crénelage
des tours et courtines fut de nouveau modifié entièrement; aux hourds
de bois, souvent incendiés par les assiégeants, on substitua des hourds
de pierre, c’est-à-dire des mâchicoulis, et au lieu de laisser les
crénelages en retraite, on les mit en saillie, en surplomb du nu des
murailles, à l’extrémité des consoles ou sur les arcs que formaient ces
mâchicoulis. Un des plus anciens exemples de ce mode de construction et
un des plus curieux en ce qu’il emploie à la fois le moyen des arcs et
des consoles pour porter le crénelage et composer une suite de
mâchicoulis, se voit sur la façade occidentale de la cathédrale de Béziers, fortifiée au XIIe siècle, comme nous l’avons dit plus haut, réparée, rebâtie en partie et fortifiée de nouveau au commencement du XIVe siècle: (voy. Mâchicoulis.).
En faisant surplomber les parapets crénelés sur les nus extérieurs des murs, les constructeurs du XIVe
siècle donnèrent aux profils des créneaux une forme nouvelle destinée à
mieux préserver les défenseurs. Il faut dire que les créneaux ne
servaient guère qu’à jeter des pierres sur les assaillants; les
arbalétriers ou les archers se postaient derrière les merlons et
décochaient leurs traits ou carreaux par les longues fentes des
meurtrières. Or, vers le milieu du XIVe siècle, les armées
assiégeantes se faisaient accompagner de troupes très-nombreuses
d’archers et d’arbalétriers qui, lorsqu’on attaquait les remparts au
moyen de la sape ou qu’on voulait les escalader, couvraient les
crénelages de projectiles, afin d’empêcher les assiégés de se montrer.
Les anciens créneaux, avec leurs faces retournées à angle droit,
faisaient ricocher les traits, lesquels alors blessaient même les
défenseurs cachés derrière les merlons. Les architectes, pour éviter
cet inconvénient, donnèrent aux créneaux des ébrasements extérieurs
prononcés, et profilèrent ces ébrasements de façon à empêcher les
ricochets.
La figure 11 explique ce détail de la défense: A est la coupe de
l’appui du créneau; on voit en B le profil inférieur, et en C le boudin
supérieur qui arrêtaient les flèches et carreaux et les empêchaient de
pénétrer en ricochant derrière les parapets. Les défenses établies au XIVe siècle devant la façade occidentale de la cathédrale de Béziers se composent d’un crénelage profilé conformément à ce système.
Nous indiquons dans la figure 12 la face extérieure du parapet
crénelé, qui est posé sur un arc en avant de consoles formant quatre
larges mâchicoulis qui s’ouvrent au-dessus de la rose centrale.
La figure 13 présente la coupe de ce crénelage: l’arc est en A: les
mâchicoulis en B, avec leurs consoles en C, et les saillies D,
destinées à empêcher les traits de remonter en ricochant par les trous
des mâchicoulis; la coupe est faite sur l’appui du créneau du milieu.
La figure 14 reproduit l’aspect des merlons à l’intérieur, avec les
archères richement profilées vers leur partie supérieure. Le parapet
crénelé est ici complétement indépendant des consoles, qui forment
mâchicoulis, ainsi que le font voir la coupe 13 et la vue perspective
extérieure.
Depuis lors, les créneaux furent, dans les défenses bâties avec
soin, munis de ces profils destinés à éviter les ricochets. Seulement,
il arrive souvent, au XVe siècle, que les profils avec leurs
ébrasements ne pourtournent pas les merlons, et se trouvent seulement
sur l’appui des créneaux et sur le sommet des merlons, ainsi que
l’indique la fig. 15.
Quelquefois, à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe
(car les parapets crénelés persistèrent longtemps après l’invention de
l’artillerie à feu), les merlons sont décorés de sculptures, d’écussons
armoyés, de médaillons, comme à la tour des Gens-d’Armes de Caen et
dans quelques châteaux de l’époque de transition. Cependant, lorsque
l’emploi des bouches à feu devint général, on chercha à modifier les
crénelages de manière à résister aux projectiles nouveaux et à
permettre aux arquebusiers de s’en servir avec avantage. Ce n’est pas
dans les châteaux féodaux français qu’il faut aller chercher ces
perfectionnements. La noblesse française protesta longtemps contre
l’emploi de la poudre à canon; elle ne céda que fort tard à cette
nouvelle puissance, dont, au contraire, les villes libres profitèrent
avec empressement. C’est dans le Nord, en Suisse, dans les vieilles
cités allemandes qu’il faut étudier ces perfectionnements introduits
dans les détails de la fortification pendant que l’emploi de
l’artillerie à feu devenait plus général.
On voit encore à Bâle, sur l’ouvrage avancé de la porte Saint-Paul, un crénelage, du commencement du XVIe
siècle, qui a conservé ses meurtrières disposées pour des arquebusiers.
Ce crénelage est porté sur de faux mâchicoulis, qui ne sont plus là
qu’une décoration (16). Les merlons sont très-épais et percés de larges
meurtrières garnies de rouleaux en pierre tournant verticalement sur
deux pivots, de manière à fermer complétement la meurtrière pendant que
le soldat charge son arme.
En A est tracé 1e plan des merlons; en B, le rouleau de pierre de la
meurtrière est tourné de façon à permettre de tirer; en C, de façon à
masquer l’ouverture. Ces merlons, très-étroits d’ailleurs, sont munis
de profils pour empêcher les balles de ricocher. Il existe des embrasures de ce genre dans les fortifications de Nuremberg antérieures à celles élevées par Albert Dürer (voy. Embrasure).
On voit aussi, sur les courtines réunissant les gros bastions
circulaires construits par cet habile artiste autour de la même ville,
des crénelages disposés pour du canon et des arquebusiers qui méritent
d’être mentionnés ici: ils sont percés dans un parapet très-épais; les
meurtrières se composent d’un trou circulaire avec une mire au-dessus;
les créneaux sont munis de volets en bois à bascule percés d’un trou
pour pointer avant de démasquer la bouche de la pièce (17); le chemin
de ronde est entièrement couvert par un appentis.
Plusieurs des courtines de Nuremberg
sont munies de crénelages en bois posés au-dessus des parapets, percés
d’embrasures pour les bouches à feu, ainsi que l’indique la fig. 18.
Évidemment ces crénelages en bois, qui rappellent les hourds du moyen
âge, ont été prévus lors de la construction des courtines, car les
glacis arrondis dans lesquels sont percées les embrasures sont garnis
de corbeaux en pierre destinés à porter ce crénelage en pans-de-bois.
Au commencement du XVIe siècle, on voit souvent les
courtines et boulevards réservés pour la grosse artillerie à feu,
tandis que les crénelages, pour les arquebusiers, sont percés dans des
parapets en contre-bas du couronnement de ces grands ouvrages. Ces
parapets crénelés inférieurs prennent alors le nom de fausses braies (voy. au mot Architecture Militaire).
Les tours de commandement de l’enceinte de Nuremberg,
élevées par Albert Dürer, sont couronnées par des crénelages en bois
avec volets destinés à garantir les artilleurs qui servaient les pièces
de petit calibre montées sur la plate-forme supérieure (voy. Tour
). Au sommet de la tour de guet du château de la même ville, on voit
encore un crénelage en bois complet sous le comble, avec volets se
relevant à l’intérieur.
Voici (19) une vue perspective d’un de ces créneaux prise à
l’intérieur. En A, une coupe géométrale présente le volet relevé avec
sa charnière. En France, nous ne sommes pas si bons conservateurs; nous
avons détruit tous ces ouvrages supérieurs en bois de nos
fortifications de la fin du moyen âge. Il y a dix ans, à Langres, on
trouvait quelques restes des crénelages en pans-de-bois du commencement
du XVIe siècle, lesquels avaient beaucoup de rapports avec
ceux que nous donnons ici; mais, Langres ayant subi une restauration
complète, on a fait disparaître les vieilles galeries de bois pour les
remplacer par des parapets à hauteur de ceinture, avec la tablette
d’appui réglementaire.